ANSEA (Association Nature Santé
Est-Anjou)
On gardera sans doute, de ces 2 années 2020-2021, le souvenir
d’un trou dans l’histoire de nos associations. Ce furent 2 années de paralysie
de toute vie associative, imposée par le Gouvernement dans sa gestion d’une
crise sanitaire liée à la pandémie d’un certain virus, le fameux « covid
19 ». Je ne serai plus là quand, dans quelques années, l’Histoire (avec
son grand H) en jugera.
Aujourd’hui, je vais simplement utiliser ce trou pour le
combler par une rétrospective, à destination plus particulièrement des habitants
et des élus de nos communes, qui montrera le lien qui unit nos 2 associations
ANSEA et le Comité des Fêtes de Courléon.
Et tout d’abord il est utile de rappeler que ce Comité des
Fêtes sous sa forme actuelle n’existe que depuis 2001. Auparavant, depuis 1947,
il était intégré au Conseil Municipal, comme une simple commission plus
spécialement chargée de certaines fêtes communales, sous forme associative avec statuts déclarés en
Sous-Préfecture. Dans le même temps, une autre association, l’Amicale laïque,
se donnait un objectif semblable. Courléon avait 350 habitants, une école
publique et une école privée. A la fois dans la compétition et quelquefois dans
la collaboration, ce fut l’époque de défilés de chars fleuris, de moto-cross,
de courses cyclistes, de petite foire aux bestiaux, d’Assemblée annuelle et
autres réunions conviviales autour de repas.
Une cinquantaine d’années plus tard, la désertification des
campagnes en faveur des villes accomplie, la commune de Courléon ne comptait
plus que 125 habitants. Quand je suis arrivé dans la commune en 1981, pour y
pratiquer un petit maraichage en agriculture biodynamique, les écoles avaient
disparu avec les chars fleuris, le moto-cross, la petite foire aux bestiaux et
quoi d’autre peut-être ? Je suis un piètre témoin de cette histoire car mon
attention, de par mes obligations professionnelles et syndicales, était
orientée plutôt vers l’extérieur que vers l’intérieur du village et de son animation.
Ce n’est qu’au début des années 2000, en accédant à la
retraite, que je m’y suis engagé en entrant en 2001 au conseil municipal, plus
spécialement dans cette commission dite « du Comité des fêtes ». Le 1er
acte posé par cette commission fut de modifier les statuts de 1947 en ouvrant à
chaque habitant de Courléon la possibilité d’en être membre, ce dernier prenant
ainsi son autonomie par rapport au Conseil municipal. Sans abandonner pour autant
les manifestations qui subsistaient des périodes précédentes, comme la course
cycliste par exemple, c’était aussi une invitation à en créer de nouvelles. On
ne s’étonnera pas par conséquent que, dans la dynamique de mon parcours
professionnel dans la commune depuis une vingtaine d’années, l’idée me soit
venue de proposer « une fête de la
santé et de l’environnement ».
Ce qui se mit en place effectivement et c’est ainsi qu’au
cours des douze 1ères années de ce 21ème siècle, différents thèmes
sur le sujet furent abordés à l’occasion de ces fêtes. Pour mémoire : en
2002, les nuisances électromagnétiques – en
2003, les plantes médicinales – en
2004, l’eau vivante et dynamique avec
« les vasques vives » - En 2005,
« les OGM » en
agriculture – En 2006, les énergies
renouvelables » - En 2007, « les déchets à ménager » et leur
compostage - en 2008, les pesticides
– en 2009, « l’agriculture bio » - en 2010, les vaccinations et
l’épidémie H1N1 – En 2011, « les
additifs alimentaires » - en 2012, « la médecine de l’habitat ».
J’en souligne 2, comme de belles performances pour notre
petite commune. C’est en 2005 quand, pour nous expliquer les OGM en termes à notre
portée, nous avons réussi à faire venir Christian VELOT, Maitre de Conférences
à l’Université Paris Sud et membre du CRIIGEN (Comité de recherche et
d'information indépendante sur le génie génétique). Et c’est en 2004 où nous
avons pu installer cette «vasque vive » au milieu de la place dans un beau
cadre de verdure. Tous les autres thèmes mériteraient aussi d’être cités mais
pour ne pas allonger ce texte je signale que l’on en trouvera un compte-rendu
dans les différents N° du Bulletin municipal des années concernées.
Les conférences avaient lieu dans la salle annexe de la
mairie, autrefois salle de classe de l’école publique, où les intervenants
pouvaient s’adresser jusqu’à une cinquantaine d’auditeurs. A l’extérieur, sur
la place et dans les rues avoisinantes, un petit marché bio s’y imposait
naturellement en plus d’une buvette et d’un stand restauration. Puis très
rapidement on eut l’idée d’y ajouter un vide grenier. Il fallait attirer plus
de monde pour faire fonctionner la buvette et la restauration et financer ainsi
les frais de la journée. Mais cet intrus de la dernière heure allait
progressivement au cours des années connaitre un tel développement qu’il attira
jusqu’à plus de 200 exposants et leurs visiteurs en conséquence. Ce qui déséquilibra totalement cette fête dite
aussi de la St Jacques.
Au début de l’aventure on avait choisi le 1er
dimanche de mai de chaque année pour le déroulement des festivités. Ce qui nous
mettait à proximité d’une des 2 fêtes de la St Jacques du calendrier, et sous le même patronyme que l’église du village
dont la nef fut construite, quelque mille ans plus tôt, pour héberger les
pèlerins passant à proximité, sur un chemin les conduisant à St Jacques de
Compostelle*. Tout en constatant l’évolution de la St Jacques, au cours de la 1ère
décade des années 2000, d’une « Fête de la Santé et de
l’Environnement » à un simple « Vide-grenier de la St Jacques »,
avec son flot grandissant de visiteurs, une fois l’an dans notre village de
Courléon, il me plait d’évoquer ce petit flux de pèlerins des années 1000,
déposant sac et bâtons dans la nef de notre église pour s’y restaurer avant de
repartir le lendemain vers Compostelle.
Mais pour en revenir au présent, si nous voulions poursuivre
un projet autour de la nature et de la santé, il fallait en élargir la base en
y associant les 3 communes : Vernantes, Vernoil et Courléon. Et c’est dans
le cadre des réunions annuelles les rassemblant pour harmoniser leurs
calendriers des fêtes que j’en lançais l’idée. Elle fut reprise par
quelques-uns, et c’est ainsi que naquit l’Association Nature Santé Est-Anjou
(ANSEA) lors d’une Assemblée Générale Constituante le 28 novembre 2013. Le
siège social fut déclaré à la Mairie de Vernoil et l’on me fit comprendre que je
devais en assurer la présidence.
Durant l’année 2014, l’action de l’association se limita à la
mise en place d’un stand à l’occasion des principales fêtes des villages pour
nous présenter devant l’opinion et en sonder l’intérêt par rapport à notre
projet. L’année 2015, sur le thème « cultiver son jardin », on choisit d’en visiter 4, au printemps et à
l’automne, pour apprendre des uns et des autres comment le faire au plus près
de la Nature. L’année 2016 ce fut la 1ère Fête de la Santé et de la
nature sur le thème de l‘écoconstruction avec, entre autre, une
« conférence gesticulée » autour de « la légende des 3 petits
cochons » et de leurs maisons en paille, en bois et en pierre. En 2017,
avec la collaboration des professeurs de l’école publique de Vernoil et de
l’école privée de Vernantes l’objectif était de sensibiliser les enfants à la
relation entre l’alimentation et la santé, plus spécialement autour des
champignons, aux différents moments de l’année scolaire. Enfin le temps fort
des 2 années 2018-2019 se concrétisa par cette « Foire aux
alternatives », ou comment sortir de ce tout chimique en agriculture et en
médecine qui caractérise la pensée et la pratique de la société actuelle. Pour
entrer dans le détail du vécu de ces différentes années on peut consulter le site** mis en place et
tenu par notre performant secrétaire Bernard DURAND.
Vint « le trou » des 2 années 2020-2021 après
lequel ANSEA se remet à l’œuvre en 2022 avec la mise en place d’ateliers de Co-réparation
des multiples objets de la vie courante, pour prolonger leur vie et éviter
ainsi de les jeter en déchèterie au moindre hoquet dans leur fonctionnement.
C’est tourner le dos à cette production industrielle à l’obsolescence
programmée, dans « une civilisation du jetable » qui caractérise la
nôtre et qui empoisonne la planète. Deux ateliers se sont tenus les samedis 18
juin et 15 octobre. Un dernier est programmé pour le 17 décembre. 5
professionnels bénévoles examinent les objets apportés, et les remettent en
fonctionnement si possible, en présence de leurs propriétaires. C’est gratuit et
n’entre pas en concurrence avec les professionnels dûment installés sur le
territoire. Autant que faire se peut, c’est pour apprendre à réparer par soi-même
les petits matériels défaillants. Pour en savoir plus, même consigne que dans
le § précédent : allez consulter le site** toujours aussi bien alimenté
par Bernard.
En racontant cette histoire d’une vingtaine d’année
d’animation locale autour de la santé, de la Nature et de l’environnement, un
constat s’impose : ça ne mobilise pas les foules. Ce n’est peut-être pas
la bonne idée de l’associer à l’idée même de fête et de rassemblement
populaire. A Courléon elle est devenue invisible au sein de cette espèce de
foire commerciale qu’est un vide-grenier. A Vernoil en 2016, la 1ère
fête de la Nature et de la Santé ne connut qu’un maigre succès. Il est vrai que
le temps n’était pas de la partie. Il a plu toute la journée. De surcroit des
grèves dans les raffineries à cette époque limitèrent les déplacements. Ne sont
venus dans ces conditions que les gens déjà sensibilisés par ces problèmes de
société dans la gestion de la santé, de la politique industrielle et
commerciale et de leurs conséquences sur la Nature et l’Environnement. Sur un
territoire à petite portée de voix cela aura au moins permis de se rencontrer
et de vivre, sous les abris de toile en cette journée de pluie, un climat de
chaleur humaine propre à partager de nouvelles idées, à faire germer de
nouveaux projets.
Des projets de modeste portée, à la mesure de nos moyens,
comme l’évoque cette belle légende amérindienne du colibri que j’ai envie de
raconter pour clore la narration de nos aventures.
Un jour, il y eut un immense incendie dans la forêt. Les animaux
terrifiés assistaient impuissants au désastre. Tous, sauf le petit Colibri qui
s'activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le
feu. Les autres animaux incrédules lui disaient : « Ne vois-tu pas
que ce que tu fais ne sert à rien ? » - « je fais ma part »
répondait-il.
- Guy DAVID
- 2 novembre 2022
* Il s’agit du GR 36, dans sa section
de La Pèlerine à Brain sur Allonnes, qui
passe à 1 km du village
** https://nature-et-sante-est-anjou.blogspot.com/